postgre – Sam & Max http://sametmax.com Du code, du cul Wed, 30 Oct 2019 15:34:04 +0000 en-US hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.9.7 32490438 NoSQL : arrêtons de dire n’importe quoi http://sametmax.com/nosql-arretons-de-dire-nimporte-quoi/ http://sametmax.com/nosql-arretons-de-dire-nimporte-quoi/#comments Sat, 22 Mar 2014 10:26:06 +0000 http://sametmax.com/?p=9844 J’ai regardé le mouvement NoSQL évoluer au fil des années. On y retrouve à peu près tout ce qui fait l’informatique depuis que le monde IT est monde : brillance et troll, hype et génie, utile et gadget, buzz et fact, sam et max, etc.

De plus on peut mettre n’importe quoi sous le label NoSQL, et du coup ça a été fait. En fait un fichier est déjà une base de données NoSQL :)

Mais rant mise à part, des projets comme redis, riak, elastic search ou mongodb changent vraiment la donne.

Malheureusement, tout comme d’autres technos du moment (prog asychrone, tout-http, pre-processeurs, generateurs…), les gens ont tendance à l’utiliser comme la barre de fer, la silver bullet, le passe-partout, le tournevis sonique, bref, le truc à tout faire.

L’adage populaire dit “quand on a un bon marteau, tous les problèmes ressemblent à des clous”. Or, je constate qu’au dessus de ça, les dev appliquent aussi souvent le dicton préféré d’un de mes colocs : “arrête de taper si fort, prend un plus gros marteau”.

Ca donne du NoSQL utilisé partout, pour tout, brandi comme LA solution, vendu à des débutants comme une panacée de traitement d’informations. Zob, vous vous doutez bien que ça pose problème, non ?

Anti-fact 1 : NoSql, c’est plus facile pour démarrer

Il n’existe pas à l’heure actuelle de base NoSQL embarquée qui arrive à la cheville de SQLite : ça marche partout, dans tous les langages, sans rien à avoir installer ou configurer pour la plupart des langages.

Dès que vous demandez à un débutant d’installer un truc, vous rajoutez une barrière d’entrée énorme.

De plus, il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup plus d’hébergeurs qui fournissent du SQL que du NoSQL en solution par défaut. Et comme toute les technos legacy, il y a 100 fois plus de doc.

Enfin, il y a la fameuse question du “quoi” ? Quel système allez-vous installer ? Couch ? Casssandra ? Mongo ? On parle de NoSQL, ou de schemaless ? C’est pas la même chose ? Memcache et Redis, c’est que pour le cache ? Elastic Search, c’est que pour la recherche de texte ? Les données géographiques, je les mets dans quoi, mongo ou un GIS spécialisé ? Attends, j’ai entendu parler d’une super bdd de graph…

L’abondance de solutions, le manque de recul et les informations contradictoires disponibles rendent non seulement le choix difficile, mais en plus hasardeux. Car contrairement au monde du SQL, se gourrer en NoSQL peut vous pourir toute votre archi.

Souvenez-vous qu’il est beaucoup plus difficile de migrer son système de base de données NoSQL d’une solution à une autre car il n’y a pas ce petit détail en commun entre les produits : le SQL justement.

Anti-fact 2 : Avec NoSql, pas besoin de réfléchir à son modèle de données

Je crois que c’est ce qui me fait le plus grincer des dents. Les gens qui disent qu’on peut tout mettre dedans, hop, et on verra plus tard. J’ai vu les pires modèles de données possibles stockés en MongoDb ou Redis, parceque les gars qui avaient travaillé dessus avait juste dumpé leurs données sans réfléchir.

Une base NoSQL ne vous oblige pas à formaliser votre schéma, mais ça ne veut CERTAINEMENT PAS dire qu’il ne faut pas le faire. L’auteur de Redis a très bien expliqué le problème (je graisse pour donner une effet dramatique et puissant au message) :

Redis is not the kind of system where you can insert data and then argue about how to fetch those data in creative ways. Not at all, the whole idea of its data model, and part of the fact that it will be so fast to retrieve your data, is that you need to think in terms of organising your data for fetching. You need to design with the query patterns in mind.

C’est vrai pour tout système dans lequel on met ses données, SQL, NoSQL, fichier, mémoire, le tiroir de votre bureau…

Il faut penser au type des données, leurs formats, les relations entre les éléments, comment et à quelle fréquence vous allez les écrire, les lire, garantir la consistence de leurs relations et leur fraicheur (ou pas d’ailleurs, mais il faut en faire le choix). Les bases SQL sont contraignantes parce qu’elles vous obligent à penser, dès le début, en ces termes.

C’est vrai, vous êtes de grandes personnes, a priori vous savez ce que vous faites, vous n’avez pas besoin qu’on vous FORCE à le faire. C’est pour ça que j’aime le typage dynamique. Je ne veux pas que tu me demandes mes papiers pour déclarer une variable, je sais ce que je fais.

Seulement il faut le faire, et ce n’est souvent pas fait. Pire, le modèle n’est généralement jamais formalisé NULLE PART. Un schéma, c’est une doc. Sans doc, le coût d’entrée dans votre projet est élevé, sa maintenance est galère, le potentiel de bug lors de l’évolution est plus grand. Mais une doc c’est chiant à écrire et à tenir à jour.

C’est un des intéressants effets secondaires des ORMs : les classes de définition sont le modèle documenté dans sa structure, ses relations, ses limites, ses contraintes, ses tests et vérifications, etc. La doc par le code, j’adore.

Anti-fact 3 : NoSql, c’est plus performant

A chaque fois qu’on lit “x est plus performant que z”, il faut faire une pause et réfléchir deux minutes. Généralement il y a un piège.

Les performances, ça dépend toujours du contexte. Par exemple, Redis est plus performant à la lecture et l’écriture, mais les données doivent tenir en RAM, sinon ça bouffe sur la mémoire virtuelle. Autre chose, Redis est très lent à démarrer sur des gros jeux de données (ça peut aller à plusieurs minutes si vous avez des Go). MongoDB doit normalement pouvoir tenir une augmentation de charge de manière prédictive en rajoutant des noeuds. Mais sur un seul noeud, c’est toujours moins performant qu’un PostGres. Et 0.01 % des sites ont besoin de plus d’un serveur.

Par ailleurs, les performances sont très dépendantes de l’anti-fact 2. Il faut créer les bons index, avoir un cache correctement ajusté, faire des requêtes intelligentes. Pour tous les systèmes.

Bref, encore une fois, NoSQL n’est pas une techno magique. Il est contre-productif, et j’ai envie de dire même irrespectueux envers ses collègues, de la vendre comme telle.

Anti-fact 4 : NoSQL remplace le SQL

Twitter tourne sur MySQL ET Memcache.

Stackoverflow utiliser SQL Server 2008 ET Redis.

Il y a carrément des sites qui utilisent PostGres et MongoDb en parallèle. En fait, il y a des outils pour les faire collaborer.

Nous sur notre plus gros site on utilise Redis pour les sessions, les compteurs, les crawlers, les queues et passer des données entre process. Pas juste pour le cache. On utilise PostGres pour les données complexes avec des queries lourdes. Et on utilise Solr pour le moteur de recherche.

Les bases NoSQL sont des nouveaux outils, qui sont mieux adaptés à CERTAINS usages ou à CERTAINS contextes. Pas tout, tout le temps, partout. C’est un outil en plus, pas un obligatoire remplaçant.

Par ailleurs, on peut utiliser PostGres comme une base de données clé-valeur ou JSON, on peut mettre SQLite complètement en mémoire vive, on peut utiliser MySQL comme un moteur de recherche de texte… Multiplier les points of failures dans une archi n’est pas toujours une bonne idée. Ces outils qu’on considère comme de l’histoire ancienne ont beaucoup plus de ressource que vous ne l’imaginez. Ils sont ultra performants. Des années et des années d’optimisation.

Le monde de la tech n’est jamais lisse. Jamais.

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