La chute de la presse : internet en cause, vraiment ?


Les gens qui lisent la presse d’information généraliste font partie de ceux qui ont le désir – à défaut d’y arriver effectivement – de faire un peu plus marcher leur cerveau que la moyenne.

Or, il est difficile de ne pas s’adonner à un triste bilan sur la dernière décennie de ses performances : désinformation, infantilisation du message, sensationnalisme, manque d’analyse, censure, hypocrisie, abus de marronniers et de sujets creux, formes et formats éculés (alors que franchement, le renouveau est juste sous votre nez), relation évidente avec le pouvoir (alors qu’on en attend un contre pouvoir, justement), et globalement, un manque de couilles évident, castrées par l’objectif financier.

Bref, la presse ne nous informe plus.

Et elle tombe des nues quand soudain, une source d’information neuve apparaît via internet, et que son public se barre.

Alors on crache sur les vilains pirates, ceux qui volent l’information et la publient ailleurs.

Le copier / coller est pourtant une pratique journalistique qui a atteint le statut de discipline Olympique.

Alors on crache sur les incompétents blogueurs qui ne sont que des amateurs ne vérifiant pas leurs sources.

La répétition aveugle d’une information non maîtrisée est pourtant un constat que tout spécialiste fait quotidiennement : vous le savez pour l’IT, mais j’ai discuté avec des avocats, des médecins, des agriculteurs… Tous sont effarés.

Alors on crache sur le modèle économique ! Comment ? Fournir une information gratuite ? Ça ne peut pas marcher ça, ma petite dame ! Nous on est sérieux ! Nous on bosse ! Nous on doit être payé !

Et pourtant, payé pour quoi ? Pour nous servir une information, au mieux réchauffée, mal digérée, composée d’ingrédients faisandés issus d’un producteur véreux dans une assiette sale ?

Je suis prêt à payer. Je paye des tas de choses sur le net. Vous n’avez pas remarqué comme tout le monde semble se faire un max de pognon sur Internet depuis les années 2000 ? Vous croyez qu’ils l’impriment ? Les gens paient. Surprise !

Je ne paie pas CETTE MERDE, c’est tout. À tous viser une ménagère de moins de 50 ans stéréotypée et sur-sollicitée, vous en avez perdu le cœur de votre revenu.

Les gens ne paient que ce qu’ils estiment avoir besoin d’acheter. Aussi étonnant que cela paraisse, ils ont un budget limité. Si, si. Et ils le dépense en entier. Parfois ils sont même à découvert. Étonnamment ça amène à prioriser.

Quand sur une échelle de valeur, “acheter un journal” est sous le barreau “obtenir des vies à Candy Crush”, on la ferme, et on se lance dans un peu d’introspection.

Si ça ne se vend pas, ce n’est pas parce que les gens sont de vils voleurs à l’esprit étroit. C’est parce qu’ils ne voient aucune raison de payer pour ça.

C’était pareil avec la musique en CD. Et Apple à tout raflé parce que les dinosaures n’ont pas compris comment faire de la thune sur le net et se sont mis à chialer au lieu de se bouger leurs gros culs bien engraissés par les ayant droit.

C’était pareil avec les films. Et Netflix a prouvé au monde que le piratage n’empêchait personne de faire des millions de bénéfice si on faisait ne serait-ce que mettre un peu de chantilly sur l’étron des produits habituels.

La presse ne nous a pas informé. Et en plus nous a emballé ça dans du papier toilette.

Personne n’achète un couteau qui ne coupe pas. Alors si en plus il est rouillé…

On est donc allé voir ailleurs.

Parce qu’on le pouvait, enfin.

Quand free est arrivé, le reste du marché s’est réveillé. On pouvait soudainement quitter le statu quo.

Avant la presse bénéficiait d’un marché captif où tous les acteurs s’étaient mis d’accord pour fournir des produits de la même médiocre qualité.

Et Internet est arrivé avec les blogueurs, les objecteurs de conscience, les journaux alternatifs, les wiki, les agrégateurs de news, les curateurs, les réseaux sociaux. Et une plate-forme sur laquelle le public pouvait répondre. S’exprimer. Juger. S’inscrire en faux. Les aborder, et les tutoyer. On pouvait soudainement quitter le statu quo.

Alors on l’a fait.

Un article comme celui-ci, vous ne le trouverez dans aucun journal. Or c’est exactement ce que je veux lire. Et devinez quoi ? Je n’ai pas été payé pour l’écrire. Et vous n’aurez pas à payer pour le lire. Il n’y a même pas de pub.

Si la presse veut de nouveau faire de l’argent, il va falloir qu’elle donne envie d’acheter. Il va falloir qu’elle fasse mieux que reflets, sebsauvage, l’odieux connard, maitre eolas, info-libre et l’ensemble des outils d’agrégation qui permettent de synthétiser, trier, filtrer et consulter exactement ce dont on a besoin, au meilleur moment.

Car clairement, je ne vais pas payer pour moins bien. Et actuellement, c’est exécrable.

28 thoughts on “La chute de la presse : internet en cause, vraiment ?

  • Pierre

    Pour illustrer ce sujet, le patron du Groupe Sud Ouest (journaux Sud Ouest, Midi Libre, L’Indépendant et d’autres encore), un ancien de Numéricable (donc pas journaliste) a lancé un jour à ses ouailles : “Nous devons devenir un agrégateur de contenu”. Et là, tout est dit sur le devenir de la presse quotidienne.

    Et effectivement, je ne vois pas pourquoi payer pour ce que l’on peut faire avec quelques lignes de code.

  • foxmask

    @pierre c’est l’impression que j’ai en lisant les journaux gratuits. les calembours en moins :P

  • ®om

    Je suis d’accord pour la presse en ligne qui devient un agrégateur AFP, ou qui a des stratégies d'”information” disons… particulières.

    Mais il reste encore une presse indépendante, qu’il me semble important de soutenir. C’est le cas en particulier du Monde diplomatique (mais il y en a quelques autres), qui propose également une version numérique (html, epub, pdf, sans drm).

    Exemple au hasard ce mois-ci, je me sens davantage informé sur le traité transatlantique dans le Monde diplomatique que dans les autres journaux…

  • saajuck

    Hello
    Très bon article, merci :)
    Je crois qu’il y a une erreur sur le lien vers sebsauvage.net sinon.

  • Pierre

    @foxmask Pour la presse gratuite, c’est une volonté. Je l’ai justement appris hier en pigeant pour l’un d’eux. Pour l’un des articles, il m’a été demandé de mettre moins de style (ce qui est normalement la valeur ajoutée par rapport à l’AFP mais cela-dit mon style est peut-être mauvais) et plus d’infos brutes pour correspondre au public du canard.

    On en revient donc à se demander ce qui devrait être monétiser dans un journal. A mon avis, l’info (jusqu’à un certain degrés) devrait être gratuite, l’analyse et le style payants (cf Le Canard Enchaîné, le Monde Diplo ou Philosophie Magazine).

  • Sam Post author

    C’est énervant cette manie de firefox de stripper “http” quand on copie / colle l’url…

  • Josh

    “max de pognon sur Internet depuis les années 2000 ? Vous croyez qu’ils l’impriment ?” ==> Excellent :D.

    Essaye quand meme de proposer ce billet sur rue89 par exemple, à mon avis c’est pas assez “policé”, mais tu peux tenter.

  • Silvus

    @Sam
    Une bonne solution est de toujours afficher le “http” dans la barre d’URL. Pour ca il suffit de modifier un paramètre dans about:config :
    browser.urlbar.trimURLs = false

  • mentat

    Moi j’achète le canard enchainé. Et c’est souvent des mois après que vois les mêmes infos ailleurs.
    J’ai toujours du mal à comprendre la hiérarchie des infos dans les médias (on met en une les marronniers avant des sujets plus importants).
    Et le manque de culture des journalistes. Et les entendre répéter : attention aux infos sur internet, rien n’est vérifié. Alors que les conneries non vérifiées pullulent dans les médias…

  • galex-713

    Excellent article ! Des articles traitant ce sujet, ya en des paquets, mais là c’est de loin le meilleur que j’ai lu !

    @mentat : les conneries non vérifiées sont partout, et plus ou moins dans les mêmes proportions. C’est là toute l’importance de développer un esprit critique et de savoir trouver les bonnes sources ;)

  • Gontran

    Auand on voit le canard enchainé qui n’a aucun soucis à vendre, alors qu’il est 100% pub free, on en arrive très facilement à la conclusion que le problème vient pas des cons d’internautes qui veulent pas raquer, mais plutôt du contenu.
    Le jour où la presse “mainstream” (par Saint Georges, que je hais ce mot) s’en rendra compte…

  • j-c

    D’accord avec le constat. Mais attention aux conclusions, telles que, par exemple, celles faites par Sebsauvage dans son shaarli.

    Ce n’est pas parce que bcp de membres de la presse font n’importe quoi que ça veut dire que la méthodologie journalistique n’apporte rien.

    C’est dommage de voir des raisonnements aussi fallacieux que “un article de presse objectif n’existe pas, donc, ça implique que si moi je ne suis pas objectif sur mon blog, mon article de blog est tout aussi valide”, ce qui est évidemment totalement faux sur le plan logique (“un chien vert n’existe pas, donc, comme mon chat n’est pas vert, il est équivalent à un chien”).

    Ce que devrait apporter la presse, c’est:
    1) une garantie de traitement de fond: un article est le résultat d’une enquête se basant sur des faits et des avis professionnels sur le sujet (quand on voit certains bloggeurs discuter de sujets qui font l’objet d’un cours de six mois dans une université et qu’ils sortent les préjugés gros comme des camions sans prendre le temps de se renseigner, on voit que non, ce n’est pas quelque chose qu’un bloggeur sait faire)
    2) une analyse en accord avec sa ligne éditoriale (c’est toute la différence entre la presse et wikipédia). Faut-il le rappeler, une ligne éditoriale est évidemment subjective et engagée, et l’analyse est forcément subjective. La subjectivité ne pose pas de problèmes (un journal n’est pas une encyclopédie), par contre, la subjectivité sans le point 1, oui.
    3) un regard critique sur ses pairs: vu que c’est le journaliste qui traite le fond, c’est le journaliste qui est le tiers indépendant capable de remarquer qu’un autre journaliste n’a pas fait correctement son travail (c’est sur le fond que c’est important, même si les critiques sur l’analyse peuvent aussi être faite)

    Bref, il faut critiquer la presse actuelle, en lui reprochant de ne pas faire ÇA. Surtout pas en disant: si la presse de qualité n’existe pas, alors, contentons nous des blogs qui sont de tout aussi mauvaise qualité.

  • galex-713

    Tout à fait d’accord. Néanmoins je voudrais ajouter quelques choses :
    3) le regard critique… mais quand ils racontent soit la même chose, soit des choses opposées, mais sans se contredire sur les fait mais uniquement sur les idées ? Beaucoup de journaux « grand public » tendent à conforter tout ce qui semble aller dans le sens de leur idée directrice de base et à critiquer ce qui va dans l’autre sens (et pas toujours factuellement, souvent sur les idées, via des analogies ou exagérations dignes de journaux grand public). Sur Internet, les gens se critiquent vraiment entre eux, sans se retenir, tout le monde, tout le temps. Ça offre une critique bien plus variée et plus performante, avec des passionnés/intéressés qui gagnent très vite en expérience sur les sujets sur lesquels ils passent des heures à s’informer/comprendre/lire/croiser/analyser/discuter/commenter/critiquer/débattre. Cf. la conférence de ya quelques heures de Benjamin Bayart (pas encore en ligne”>pas encore en ligne).

    2) chaque individu est en accord avec lui-même, et peut parfois changer d’avis, c’est sa force (un journal papier ne décidera jamais « précédemment notre journal était de telle tendance politique, mais après discussion en fait on s’est rendu compte que c’était complètement con et donc on a décidé de changer »). De plus beaucoup d’individus s’exprimant, beaucoup ont des opinions très variées, variables et variantes. C’est beaucoup plus décentralisé et productif. À force de confronter autant d’idées si différentes on finit par se construire une opinion logique, au moins en se basant sur ce que sait la plus grande partie de touts ceux avec qui on a déjà discuté (ce qui est déjà colossal pour n’importe quel internaute).

    1) Déjà tu peux rayer « professionnel » qui n’a rien d’intrinsèquement positif et n’offre aucune garantie spéciale ; c’est complètement indépendant de la qualité du résultat.

    Un bloggueur, un journal non-papier ou n’importe quel internaute se base sur ses sens, comme tout les animaux (comme les journalistes donc). Ses sens lui permettent de tirer des déductions sur ce qu’il se passe le plus plausiblement dans son environnement, à partir de ses données il y applique divers processus logiques et intuitifs pour en obtenir d’autres données, suivant un cheminement jusqu’à obtenir le plus de données utiles, lui permettant d’adapter son comportement à son environnement en fonction de ce qui devrait le mieux servir sa volonté. Or chez le journal non-papier, le bloggueur, l’internaute moyen, tout ce processus est transparent, et on peut donc y faire confiance plus facilement, comme on peut y trouver soi-même les problèmes, les corruptions et les failles, et même les corriger en allant directement critiquer l’internaute en question, de sorte à ce qu’il change ses opinions erronées (on qu’on change les siennes) et qu’il soit plus à même de dire des choses vraies et utile aux autres humains.
    Chez un journal papier, on ne voit de ce processus que la partie que l’on dédaigne nous en montrer. Le journaliste est là en tant que figure publique, en tant que professionnel justement, et pas personnellement, en tant qu’humain pensant avec ses opinions, ses goûts, son unicité… On ne peut dès lors qu’accorder moins de confiance à ce processus, on ne voit plus son cheminement à sa forme la brute, sa forme purement subjective, celle qui était dans la tête du journaliste, car il ne dira pas « je », car il doit suivre une ligne éditoriale, parce qu’il est payé pour ça, parce qu’il ne le fait pas par initiative personnelle indépendante, pas pour le fait que ce soit intéressant, pas pour défendre une idéologie propre, variable, évolutive, flexible en somme.

    Mais un journal non-papier, un bloggueur, ou tout internaute, ne le fait ni artificiellement, ni professionnellement, ni par nécessité. Non, il le fait par pur choix personnel. Il le fait parce que c’est intéressant, parce que l’esprit humain et son insatiable curiosité naturelle le pousse vers la discussion, le débat, la proposition et l’expression de ses idées, l’assimilation d’idées extérieures, la consolidation d’un modèle de pensée de quelque chose qui lui soit utile, le rende plus libre, parce qu’il a des idées, qu’il veut les défendre, qu’il veut les faire comprendre, qu’il veut avoir raison et qu’il confrontera ses opinions à celles des autres jusqu’à ce qu’on lui montre qu’elles sont fausse, parce qu’il veut apprendre, savoir, connaître, agir, et il le fait lui-même, par lui-même, pour lui-même : ça a un nom, l’autonomie, la didaxie, la liberté.

    Bref, on critique la presse papier (parce que c’est ce qui est entendu par presse, et que tu continues de désigner à tort presse actuelle), parce qu’elle se base sur un monde obsolète, qui est largement dépassé par un monde d’information basé sur Internet.
    On dit que les journaux papiers (pas actuels) de bonne qualité se basent sur un (je ne critique pas toute la méthode journalistique en elle-même) modèle obsolète (et pas la totalité de la press, seulement ceux qui sont exécrables parce qu’ils continuent de suivre rigidement cette méthode obsolète, pseudo-objective, centralisée, hiérarchique, pécunière et biaisée de journalisme que l’on retrouve trop dans les journaux papiers grand public.

  • galex-713

    Oh, j’ai oublié de le spécifier dans mon dernier commentaire avec « @j-c » : mais il était adressé à j-c ^^”.

  • Akira

    Moi, je n’achète plus le canard depuis quasi 10 ans et encore vers la fin, je ne l’achetais plus que pour les mots croisés d’Alain Bonhomme ou ceux de Michel Laclos le dimanche. Faut se dire que deux heures de bus par jour, faut bien gagner son temps.

    Franchement, pas de regret, ils avaient cas (?) prendre le virage du bon côté, aujourd’hui ma presse c’est SebSauvage, Reflets, Macbidouille, PCINpact … voir Angrybird.

  • JEEK

    Article qui synthétise plutôt correctement les choses et comme d’hab y a les commentaires de qualité qui vont avec…
    …merci les loulous ; ça fait du bien de lire un tel truc (ne changez rien) !
    ^_^

  • galex-713

    Comme l’a rappelé j-c, touts les journaux papier ne sont pas exécrables. Beaucoup suivent un modèle beaucoup trop centralisé, a-subversif, hiérarchique, pseudo-objective, pécunière et biaisée. Rien de tout ça ne s’applique au Canard, qui est l’un des rares journaux papier à garder une excellente qualité malgré Internet, qui n’est pas vendu, qui n’est pas pseudo-objectif mais ouvertement subjectif et offre donc un vrai point de vue à l’esprit critique, qui reste un journal subversif, un contre-pouvoir, dont doivent avoir peur les politiques, etc.
    Le canard a su faire ce qu’il fallait : il n’est pas sur Internet car il savait ce que cette révolution finissait, et que se mettre sur Internet, ça veut dire que dans l’idéal tout le monde se renseignerait sur Internet et ils gagneraient moins d’argent pour faire des investigations ou payer des journalistes à plein temps.
    Alors si on ne lit plus le Canard, qu’on ne dise pas que c’est parce qu’ils manquent de qualité. La qualité du Canard enchaîné est excellente et suffisante pour continuer à se vendre. Si on ne lit plus le Canard, disons clairement que c’est parce que cela demande un gros effort supplémentaire que pour lire les autres journaux, dont on peut aggréger touts les flux RSS et les télécharger, conserver, rechercher et lire beaucoup plus efficacement. Chose qui — si elle était possible pour le Canard enchaîné — voudrait dire que l’on serait également capable de dupliquer facilement ces articles et les mettre à la disposition de tous gratuitement, ce qui pourrait diminuer les recettes, à terme.
    Néanmoins notez le « pourrait » et le « à terme », car en effet le « piratage » a souvent pour cause de faire connaître mieux l’œuvre et de lui ajouter un nombre colossal de lecteurs, en grande partie chez ceux qui n’ont pas les moyens/pas le temps, et qui vont faire connaître à d’autres, en parler, accroître sa popularité et au final rapporter plus d’argent. Mais évidemment ça se base sur le faite que « tout le monde ne “pirate” pas », et donc la question est de savoir si ça continue à fonctionner « à terme », quand est-ce que tous vont se mettre à lire ça sur Internet.
    En découle deux débats potentiels : soit la rémunération des auteurs à plein temps en nécessité, et la survie d’un tel système dans un monde qui le transcende de part et d’autre et le rend obsolète, ce à quoi on a les réponses de « licence globale » (qui pour moi est une sorte de micro communisme (et ce n’est pas péjoratif), où tout le monde paye pour ce que tout le monde peut avoir, avec distribution unique et centralisée, pouvant être par exemple proportionnelle à l’arc-tangente de leur popularité) ou le prix libre (Flattr, Bitcoin, Litecoin, Patreon, Paypal, OpenUDC, etc.) ; soit la sortie de cette société où il faut être payé pour vivre, qui n’est de toute façon pas viable pour l’humanité (travail nécessaire qui baisse, production et rendement qui augmentent… et c’est une bonne chose), ce à quoi on peut répondre par le revenu universel de base ou par une société de prosommation (où chacun produit ce dont il a besoin via des fabbers des constructeurs universels qui à l’aide d’un simple ordinateur peuvent construire n’importe quoi).

  • j-c

    @ galex-713:

    D’accord sur les critiques additionnelles, mais de nouveau, elles ne sont en rien fondamentalement liées à l’usage ou non d’internet: un “bon” journaliste papier est un journaliste qui ne tombe pas dans les travers que tu cites (je réponds aux points spécifiques à l’usage du web plus bas).
    Par contre, il n’y a pas de lien logique pour dire qu’un bloggeur est forcément un bon journaliste.

    Ce qui m’a poussé à réagir, c’est le fait que la distinction était uniquement faite entre “support papier” et “support web”. Je pense qu’il vaut mieux distinguer “bon journaliste (en se basant sur mes 3 points)” et “mauvais journaliste” (évidemment, il y a une limite floue, et je ne prétends pas fournir une définition exacte ou un jugement objectif). Dans ce cas, la liste des “bons” journalistes comprend aussi bien les qlq bons journaux papiers qui existent encore, mais également les sources d’information sur le web, telle que Reflet. Ou même Sebsauvage quand il s’agit d’informatique. Dans l’autre, on a la “mauvaise” presse papier, mais également certains bloggeurs, tel que Sebsauvage lorsqu’il s’écarte de l’informatique (j’apprécie ses opinions, mais ce n’est PAS du même niveau que le bon journalisme, loin de là).

    Or, l’article, ici, à la fin, met dans un même panier les deux.

    Pour revenir sur des points plus précis:
    3) si on enlève la “mauvaise presse”, je pense que le reste est suffisamment critique. Si tu parles de critiques par rapport aux idéologies, c’est un autres points: mon point 3 parle de la nécessité d’un contrôle sur le fond, sur les faits. La variété et l’animation des débat est directement proportionnel à l’absence du point 1 ! Si je me renseigne sur un sujet et que je déclare A, alors, si en face se trouve un bon journaliste, il va constater que A est fondé et ne va pas forcément réagir. Si en face se trouve un mauvais journaliste qui va se réduire à son apriori sans étudier plus le sujet, alors, il va réagir en disant qu’il n’est pas d’accord, …
    Ça marche aussi dans le sens inverse: si je sors un gros apriori, je vais déclencher plus de débats que si je sors quelque chose de fondé.
    Finalement, quand il y a des débats entre “bons” journalistes, les réponses arrivent à plusieurs jours d’intervalle, le temps de réellement faire les choses bien. Sur internet, c’est en général (même si pas tout le temps) juste une réaction “à chaud”. Je ne suis pas sur qu’un débat mieux construits et moins brouillon soit moins efficace qu’un bon gros débat sur le web (au contraire).

    2) À propos du changement d’opinion: si tu parles d’un changement d’idéologie, d’accord (maintenant, ça reste rare et sans doute tout aussi commun que ça soit papier ou web). Si tu parles d’un changement parce qu’on se rend compte qu’on se trompait sur le fond, c’est juste la preuve que l’article a été publié avant de garantir le point 1 et c’est donc la preuve que la personne est un “mauvais” journaliste.
    À propos de la variété d’opinions, si le point 1 n’est pas appliqué, alors, forcément, il y a plus d’opinions, vu qu’il y a plus de conclusions basées sur des aprioris et des préjugés. Ensuite, l’internaute peut construire sa propre opinion, avec le risque que celle-ci soit construite sur les aprioris. En d’autres termes, ça peut aussi être un vecteur de désinformation (pas que je sois 100% contre les débats sur internet, c’est juste pour relativiser).

    1) J’utilise “professionnel” pour dire “La personne a étudié le journalisme et a acquis une expérience à force de l’exercer. Il a traité son sujet de manière plus pertinente qu’un simple bleu qui tombe dans les premiers pièges”. Et également “a traité le sujet autrement que durant 30 minutes sur un coin de table durant son temps libre”. Quand qlq’un dit “j’ai lu un manuel et j’ai écris 2 scripts, donc, j’ai un avis pertinent quand je donne des conseils en informatique”, les développeurs répondent “ho, du calme, ça prend énormément de temps d’acquérir une vue d’ensemble”. Tu as étudié l’informatique 4 ans et ensuite acquis une expérience professionnelle de plusieurs années ? Et bien tu te rends compte de la différence qu’il existe entre tes opinions sur l’informatique et les opinions de qlq’un qui n’y a jamais touché. C’est pareil entre un journaliste professionnel et un “simple” bloggeur.

    Le reste du commentaire est déjà contenu dans mon point 1: un journaliste qui fait ça “pour l’argent” ne satisfait pas le point 1 (ou s’il satisfait le point 1, est indissociable d’un journaliste qui fait ça par passion).

    Concernant la transparence, de nouveau, ce n’est pas l’apanage du bloggeur. Je pense que tu penses que le bloggeur est plus transparent parce qu’il est plus facile de repérer les erreurs et les changements d’avis du bloggeurs. Mais ça veut juste dire que le bloggeur se trompe et hésite plus souvent que le journaliste.
    (de nouveau, je ne sépare pas le “papier” et le “web”, je place par exemple “reflet” dans la catégorie “journaliste”)

    En conclusion; d’accord avec ta conclusion “modèle obsolète” (et encore, je ne vois pas trop pourquoi Reflet deviendrait subitement un mauvais journal s’il décidait de publier ses articles sur papier), mais pas d’accord avec ta conclusion “les infos de Sebsauvage sur des sujets qu’il ne connait pas bien et basées principalement sur ses aprioris (même si ceux-ci s’avèrent correct) sont de la même qualité que les infos de Reflet”.

  • Sam Post author

    @j-c gagne un tampon pour l’argumentation la plus civile du web.

  • galex-713

    @Sam : ben à la base je voulais lui répondre quelque chose (et c’était deux fois plus long que ce qu’il avait écrit) mais c’était pas du tout structuré, yavait des omissions et en plus en fait ça le contredisait pas du tout, donc bon en fait comme j’ai pleins de truc à faire en plus de ça je vais en rester là (puis j’ai dépassé mon quota de citations de Benjamin Bayart, il a déjà débordé, va falloir que je mette ses conférences sur mon serv, que j’installe un tracker bittorrent et une instance de MediaGoblin et que j’apprenne à synthétiser, avec des liens notamment).

  • roro

    Ben moi, j’suis obligé d’acheter “La Dépêche” de temps en temps, because les femelles ont mis une affichette “Pas de Pub’s” sur la boite à lettre, et du coup, on a plus rien pour emballer les épluchures.

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