Dans quels secteurs retrouve-t-on Python ces temps-ci ?


J’utilise le compte Tweeter du blog (n’oubliez pas qu’il y a un flux RSS des tweets) pour RT des offres d’emploi en rapport avec Python régulièrement. Des stages, des demandes de freelance, des embauches, etc. J’essaye de rester dans des offres francophones ou dans des pays limitrophes à la France, histoire que ce soit des infos utiles.

Ce faisant, j’ai pu noter au fil de l’année les secteurs qui sont le plus présents parmi ces recrutements, en tout cas via micro-blogging.

En premier, on a le Web, évidemment. Essentiellement du Django. Rien d’étonnant, ce n’est pas lié à Python en particulier, c’est juste le secteur informatique qui est le plus actif, et tout langage qui peut faire du HTTP correctement amène forcément du taf. Les outils pour cela en Python sont de bonne qualité, et on le retrouve donc un peu partout.

Ensuite vient la finance.

Ceci me gène un peu. Je ne les retweete pas en général, car éthiquement parlant, je ne suis pas à l’aise avec les institutions financières actuelles, mais ce n’est pas le sujet de l’article. Néanmoins ce sont d’excellentes opportunités techniques : analyse de données, temps réel, traitements logiques, UI, grosses infras, des moyens et un travail avec un impact fort IRL. Que Python s’impose dans ces milieux n’est pas une surprise : ils privilégient pragmatisme et efficacité. Or Python est un langage clair, qui permet une itération rapide en dev, des traitements complexes tout en restant facile à maintenir.

En 3ème position (selon les stats de l’INDMS, bien sûr), on retrouve la science : les chercheurs, biologistes, physiciens, géographes, astronomes et tous corps de métiers qui ont besoin de pouvoir adapter facilement des algos, transcrire des maths en code, traiter des gros jeux de données… Python est un langage fantastique pour cela, et sont apparues tout un tas de libs, soit pour gagner en perf, soit pour coller aux règles du métier. On retrouve du coup le langage comme solution de scripting dans des logiciels pros comme les SIG, des bases de données moléculaires et autres gros morceaux. C’est un usage tellement important que la prochaine version va embarquer un nouvel opérateur mathématique pour multiplier les matrices : le @.

Et puis il y a l’admin système et l’automatisation. Python remplace Perl un peu partout, dès qu’un script bash ne suffit plus. Car Python est simplement plus lisible et maintenable que ces deux langages, et il est aussi maintenant plus versatile, grâce au travail de la communauté. Des initiatives comme OpenStack ont fait de Python un acteur majeur dans les solutions de déploiement, de cloud, d’archi distribuées. C’est néanmoins très spécialisé, et concurrentiel, et donc trouver un bon dev là dedans ne doit pas être facile.

Notre pénultième, c’est la gestion d’entreprise. Principalement à travers le produit Odoo (aka OpenERP) qui s’occupe de tout, du personnel aux clients en passant par la facturation. C’est un peu usine à gaz, mais ça vaut toujours mieux que SAP. Ceci dit, en dehors de cela, Python est un fantastique langage glu, du fait qu’il est capable de lire et générer de nombreux formats (MS Office, LibreOffice, PDF, images) et base de données (MySQL, PostGres, Oracle, Access, et d’autres plus obscures). On peut même parler certains protocoles de machines outils. Dans des usines qui ont 15 ans d’empilement technologique et de migrations avec des morceaux legacy qui traînent partout, ça change la vie. Surtout qu’on peut maintenant remplacer VB avec Python presque partout, y compris dans Excel.

En dernier, il y a le Big Data. Derrière ce mot pompeux se cache les analyses de données massives, l’intelligence artificielle et en fait, tout ce qui concerne extraire du sens à partir d’un gros blob qui n’appartient pas aux métiers cités précédemment. Interprétation du langage humain, études d’images ou de son, réseaux sémantiques, généralement sous forme de grandes collections d’échantillons. Là c’est du haut niveau, mais ça fait justement des postes intéressants.

Malgré Kivy, le Rasberry Py et Micro Python, je ne vois pas encore le langage décoller dans l’embarqué, sur téléphone, sur l’internet des objets… WAMP va peut être changer la donne, mais pas tant que qu’on aura pas créé une API plus sexy.

Les jeux vidéos sont aussi un secteur qui manque de Python, et c’est dommage. On lui préfère souvent le Lua, à part dans quelques cas comme Civilisation ou Eve Online.

Apparemment Python paie bien, mais honnêtement j’en ferai pas un critère de choix : ces choses là changent. Si on veut de la thune, on fait du Cobol, emploi bien payé garanti.

15 thoughts on “Dans quels secteurs retrouve-t-on Python ces temps-ci ?

  • cendrieR

    Merci au passage de prendre le temps de rt tout ça, ça me permet de savoir un peu où je nage :)
    C’est pas toujours évident, quand on est un peu extérieur au milieu et qu’on n’a pas le temps de faire tout le travail de veille, de rester au courant des grandes tendances en entreprise.

  • foxmask

    La finance est truste par le jEE encore énormément .
    Les décideurs préfèrent cracher un paquet de fric pour des progiciels jEE , et je pense que ça a dû empirer depuis qu’oracle a bouffe sun et java. Peut être que certains en ont ras le bol de casquer 1million la db version entreprise et en même temps qu’ils passant a postgresql bouge vers python . mais j’ai plutôt l’impression de raconter un conte de fées …

  • Foxmask

    Comme un teube j’ai oublié de situer le contexte. Je parlais de la finance. Vala
    Bon appétit’ :)

  • Sam Post author

    Java reste le langage le plus utilisé au monde, donc c’est logique, et c’est vrai un peu partout.

  • kontre

    Marrant le découpage, pour moi le big data c’est de la science aussi.

    À propos d’embarqué j’ai découvert hier que python faisait même du FPGA: http://www.myhdl.org/. Bon, c’est pas pour ça que ça va décoller…. Le problème de l’embarqué c’est les perf, python est optimisable à souhait mais dans ces cas-là la VM se fait sentir.

    Pour le Lua c’est vrai que c’est dommage, mais là aussi je crois que c’est une question de perf. Lua est beaucou plus simple à la fois dans l’implémentation et dans ses relations avec le C/C++. Python est plus efficace quand ils s’agit d’appeler des lib tierces écrites dans d’autres langages, tandis que Lua est plus efficace quand il est appelé par un programme en C/C++.

  • Sam Post author

    Ouai mais le typage optionnel est prévu dans un future pas trop lointain. Ca devrait aider sur tous ces points.

  • buffalo974

    Salut,
    Que pensez vous de cython pour faire des jeux codés en python ?

  • maxime

    Dans l’embarqué spatial, on regarde micropython comme langage de script pour executer des procédures à bord des satellites. Pas pour gerer la plate-forme (Ada est vraiment un très, très bon langage). Le problème c’est l’allocation dynamique de mémoire et le GC, qui ne sont pas autorisés à bord. Si on arrive a adapter Micropython pour travailler sur une zone de mémoire bornée alors ça devrait être jouable (implémenter notre malloc, gerer la fragmentation.. Ca peut etre compliqué). Lua est aussi considéré. On verra ce qu’on arrive à tirer de ces langages. Pour l’instant dans la plupart des satellites, le langage de script utilisé est propriétaire.

  • Hervé

    Dans notre pme, le python commence a être utilisé :
    -webserveur pour raspberry embarqué afin de le piloter à distance
    -Création rapide d’un banc de test électronique
    -Petites choses qui ne demandent pas de rapidité formidable…

    Il faut voir ce que tu appelles “paye bien” mon collègue qui n’est pas mauvais du tout (à la retraite dans 5 mois) et qui nous ponds des choses en python,C,Delphi en plus d’électronique embarquée doit tourner à 2500 net
    Maintenant, une chose est sûre, il aimait son métier…. Et moi j’espère retrouver un collègue du même accabit.

  • kontre

    @buffalo974 : cython est très bon pour optimiser une petite partie d’un code qui bouffe beaucoup de CPU, moins pour un programme complet et d’envergure. Non pas que ça ne marchera pas, mais il faut pas mal de micro-optimisation pour rendre du code cython vraiment efficace par rapport au python.
    Cela dit j’ai vu un article il y a peu où le gars codait uniquement en cython, mais c’était plutôt des “petits” scripts scientifiques qu’un gros programme complexe.

    @Sam: ouais mais du typage purement informatif. J’ai l’impression qu’il va falloir attendre longtemps (genre python4) avant que ça ait un réel impact.

  • walt

    J’aimerais bien pouvoir réaliser de belles applis mobiles (Android/iOS) en Python.
    Mais on doit se taper du Java, de l’objectiveC, ou bien du JS/HTML/CSS (en mode Cordova) à la place.
    C’est la vie !

  • poulpe

    Wah bah chez nous on fait des UI en python (avec un moteur 3d proprio en C + bindings python) pour des boitier TV d’opérateur. Ca tourne nickel sur des boiboites en MIPS qui ont des perfs soufreteuses. Le tout avec une empreinte mémoire plutôt réduite.
    On fait aussi des UI html/js qui tournent dans un webkit embarqué, et niveau perfs et rapidité de développement c’est même pas comparable. Avec un browser on est bloqué sur des UI de l’an 2000 :'(

  • zed

    “ce qui concerne extraire du sens à partir d’un gros blog”
    Blog ? “blob” ou “bloc” plutôt non ?
    :)

  • Djiit

    +1 pour le langage glu en général. Je bosse pour un grand groupe de média et le python vient remplacer le perl, fait communiquer plein de softs ensemble, etc. Y’a de l’avenir.

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